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vendredi 26 février 2016

EXISTER TOUS LES JOURS...

Pas eu le temps de revenir ici, dans ce tout début quasi inexistant, ébauche de brumes épaisses et opaques, pas eu le temps depuis trois jours disais-je, un vrai tunnel pour le blogueur compulsif qu’on m’a expliqué (toujours les conseilleurs!), le type qui veut exister tous les jours, se montrer ou montrer ses « lettres » (peu souvent « de noblesse »), émerger – tête d’épingle dans l’immensité – de l’océan verbal numérique, hors de l’anonymat dévolu à tous ou presque, « coucou le monde, je suis toujours là !  La preuve : j’écris tous les jours !», bien normal après tout, un brin pathétique, du moins compréhensible, car y a-t-il même des jours où l’on voudrait ne pas exister ? 

Moi oui, à coup sûr ! Y’en a même un paquet des jours de cette couleur-là, pour ce qui me concerne… Ne plus exister, le bonheur… Puis exister à nouveau, quand ça vaut un peu le coup, passer une tête l'air de rien dans le monde des vivants, histoire d’évaluer si des fois, exceptionnellement, il serait un peu respirable… Faudrait pouvoir sortir du néant à volonté, au choix, les jours où l’on croirait pouvoir chopper dans l’air ambiant la fugitive promesse d’un peu de plaisir, à votre bon cœur ! Pourtant le plaisir c’est si peu, si capricieux cependant, comme une petite merde de moustique qui nous nargue à tournicoter autour de nous et qu’on n’arrive pas à saisir ! 

Pas eu le temps je le répète et le martèle, c’est que le chômage ma bonne dame est chronophage ! On bouge sa carcasse dans tous les sens en une sarabande grotesque et macabre, les méninges en prennent pour leur grade, tortillées elles aussi comme de vieux chiffons entreposés dans la tête depuis une éternité… C’est cela même, produire de l’angoisse… On cherche à en sortir quelque chose de vaguement utile pour la popote, pour les « dépenses contraintes » comme on dit euphémiquement maintenant (on veut tout dire par euphémismes désormais, mais c’est pas toujours possible ni même souhaitable, et puis les gnangnanteries euphémisantes, c’est fatiguant au bout d’un moment, de l’hypocrisie en barre, ce qui se trame derrière elle – cette belle évanescente un peu factice  doit sortir, jaillir, exploser)… Bref, j’ai été foutrement pris par la recherche d’un peu d’esclavage rémunérateur… même pas trouvé ! Peut-être que ça ne valait pas la peine de déjà déserter ce minuscule monde à peine venu au monde, ce dérisoire atome invisible injecté dans le corps obèse du monde virtuel… Dérisoire, invisible, mais pas plus con finalement que toutes mes inutiles gesticulations pour la survie dans le monde réel. Je devrais peut-être vouloir « exister tous les jours »…

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