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lundi 29 février 2016

UN JOUR DE PLUS EST-IL UN JOUR DE MIEUX ?

Qu’a-t-on de plus ou de mieux à dire un 29 février ? 

Considération météorologique : « Il a fait beau aujourd’hui, du moins à Paris, vraiment beau. Une vraie journée de printemps, la première de l’année… Très anticipée certes, mais bien réelle, vraie de vraie, manque plus que les jupes courtes par les rues baignées de la douce lumière dorée, mais il fait encore un peu frisquet… On attendra, elles finiront bien par apparaître. Elles apparaissent toujours. Comme des bourgeons, d’un seul coup. On a beau connaître le truc, on a beau avoir vécu mille printemps, on en est toujours surpris, surpris par la brusquerie de la chose, et toujours ravis… Enfin, dommage que telle aubaine ne revienne pas avant quatre nouvelles années… Serai-je encore de ce monde pour voir (sans en être nullement surpris) ce qui se tramera de "nouveau" sous le soleil ? ». (Spéciale dédicace à Qohelet, ou « celui qui s’adresse à la foule » ! – si, si, vrai de vrai !…). 

Considération philosophique : « Un jour de plus dans l’année, ou disons un jour inhabituel, anormal ou "anomalique", nous donne-t-il vraiment plus de temps ? Nous donne-t-il vraiment "un jour de plus" ? Il faudrait être un peu naïf pour le croire. La seule chose qui donne "plus de temps" (et cela, ma foi, peut et devrait être vrai tous les jours que Dieu fait… plus ou moins bien !), c’est notre faculté à bien l’utiliser, à le maîtriser (ou plus modestement à en contenir les fougues indomptables, genre rodéo sur cheval sauvage), à le canaliser (ne compare-t-on pas souvent le temps à de l’eau qui fuit inexorablement et qu’on ne peut retenir ?), à s’en faire sinon un ami (il n’est l’ami de personne. Il n’est pas comme nous. Il est radicalement autre), du moins un allié, l’allié de nos semailles de tous les jours… Encore faut-il avoir quelques graines à semer. Quelque terre à défricher. Quelque espoir de moisson, un jour prochain, ou un autre. Peut-être pas un 29 février, mais n’importe lequel fera l’affaire. Ne faisons pas les difficiles… Mais "un jour de plus", si c’est pour glandouiller comme tous les autres, si c’est pour végéter sans la moindre fraîche pensée ou la plus futile action utile, comme avant lui et probablement après lui, alors à quoi bon ?… »

Considération esthétique : « 29 février. 29 février. 29 février. Ce simple libellé prend d’un coup, le jour venu, des reflets mystérieux, aux couleurs, aux rayonnements précieux et saisissants. On ne prend jamais l’habitude. On ne se fait pas à ce chiffre-là apparié à ce mois-là. Faut dire qu’on y a droit quatre fois moins qu’à tout autre jour, dans cette vie qui déjà file foutrement trop vite. La résonance, le jour même, le jour venu, le jour vécu, seconde après seconde, traversé pourtant "comme les autres", la résonance donc en est toujours étrange, fascinante, un peu comme une éclipse. Rare. Prenante. Croisée des chemins, quand il doit se produire quelque chose de crucial, quelque chose qui donne à la vie un bouleversant surcroît d’intensité, de relief, de vibration. Du coup, c’est beau… "Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie !" ». (Spéciale dédicace au Comte de Lautréamont, plus familièrement Isidore Ducasse…). 

Considération érotique : « Bissextile, je te fais pas un dessin… Tu vires le textile, tu gardes le sexe, Bi ou pas Bi ! Et tu sais pas quoi ? J’avais pas prévu, mais alors pas du tout, mais ce matin, fin de matinée plutôt, je me traînais dans la rue, près de chez moi, j’allais chopper quelques bonnes conserves pour la semaine dans ma supérette préférée, je croise une jeune pouliche, une pouliche noire comme je les aime, j’ai l’impression qu’elle me fait un peu de gringue dans le regard, genre œil de braise en pilotage automatique, mais je fais pas trop attention, je veux pas me faire d’illusions, je laisse filer, enfin je ralentis un peu le pas quand même, mais ça peut pas être ça je me dis, parce que j’ai toujours l’impression qu’elles me font du gringue, et souvent c’est pas ça du tout, je me prends des râteaux monumentaux à cause de ça, alors à force, je me dis que c’est moi qui rêve tout le temps en pilotage automatique… Mais là mon petit pote, autre histoire. Je lui envoie un petit sourire quand même, histoire de voir, ça mange pas de pain… Et elle, elle m’en envoie un maousse ! Je m’approche, j’accoste… "Bonjour… On va chez moi ?" (putain mec, je sais pas ce qui m’a pris de dire ça !)… "Si ça vous plaît…" qu’elle me balance, avec un petit sourire soi-disant intimidé… Un peu que ça me plaît ! Et nous voilà bras dessus bras dessous, demi-tour vers mon gourbi ! Et là, la totale mon petit gars, la TOTALE ! Je te le dis, je m’en souviendrai de ce 29 février… » (Spéciale dédicace à mon camarade de quartier Dédé ! Et encore bravo !). 

Considération béotienne (ou café du commerce) : voir les considérations précédentes… 


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