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dimanche 24 avril 2016

Y'A QUELQU'UN ?

Ça faisait un bail, ô mes amis lecteurs, et surtout, ô masse inquantifiable des non-lecteurs !… Ô grand désert surpeuplé qui jamais ne fera halte dans cette minuscule et déserte (quoique diserte) oasis ! 

Absurde ? À peine… J’invente rien à vrai dire… Si tous ceux, dans le passé (je fais référence au temps d’avant la domination du monde par l’internet, lequel n’est là que depuis quelques secondes à l’échelle de l’histoire humaine), si tous ceux, dis-je, qui ont écrit en croyant « s’adresser à tout le monde » (idéal des plus respectables, cela dit sans aucune ironie) avaient vraiment trouvé « tout le monde » pour les accueillir à bras ouverts (ou à Brazzaville comme disait un pote perdu de vue), et l’esprit lui-même ouvert à leurs quatre vents dûment imprimés, merde alors, ça se saurait ! 

Ecrire pour personne (je ne m’inclue pas moi-même dans cette triste visée, bien qu’il m’arrive aussi – même en me relisant ! – de me sentir « personne »), ça je connais bien, sorte de seconde nature d’écrivain, je dirais même… Depuis toujours dans ma petite caverne en bon troglodyte à gratter, gratter, gratter… Y’a quelqu’un ?! (même l’écho ne me répond pas…). Mais écrire et publier pour personne, autre histoire… Je découvre… Je tâtonne… Je m’avance en mode prudente patte de chat dans la flotte… Et c’est pas vraiment, comme disait le bon Alphonse Allais, à se tordre… 

On ne saisit pas ? C’est pourtant simple : depuis toujours, je veux dire depuis que j’ai achevé mon alphabétisation (il y a un peu de temps...), j’écris non pas « pour moi-même » (ce qui n’aurait aucun sens, étant donné qu’on n’écrit jamais pour être son seul lecteur, et qu’écrivant en français, j’écris forcément, au moins à titre virtuel, pour des gens capables de lire cette langue), mais pour des lecteurs qui ne peuvent pas me lire, pour la raison simple que je ne publie pas. Or en décidant d’ouvrir ce blog, qui à mes yeux n’est rien d’autre qu’un espace de publication, de mise à disposition de quelques propos dont le fond comme la forme ne me semblaient pas indignes, je pensais m’ouvrir une sorte de fenêtre vers… l’autre. Les autres. Lesquels me feraient alors savoir qu’ils sont là. Me feraient savoir qu’ils m’ont vu (lu). Me feraient savoir qu’ils savent désormais que je sais qu’ils m’ont lu (vu). Bref, le circuit normal et immémorial de l’écrivain qui balance ses écrits dans le monde…

Mais au final, voilà... je ne vois personne ici, personne n’a l’air d’y venir… C’est incontestablement une publication pourtant, mais tout pour moi demeure comme avant, comme depuis toujours, je n’écris toujours pas « pour moi-même » ou pour moi seul, mais il semble tout de même que, encore et toujours, j’écrive (et que pour aggraver mon cas maintenant je publie) pour personne… 

A la bonne vôtre, et un grand salut fraternel à ceux (ou celui ? ou celle ?) qui se seraient égarés jusqu’ici…